Pianiste légendaire, Paul Badura-Skoda est le plus illustre dépositaire de la grande tradition viennoise. Né en 1927 à Vienne, il intègre en 1945 le Conservatoire de sa ville natale, avant de poursuivre son apprentissage à Lucerne auprès d’Edwin Fischer, dont l’influence sera sur lui déterminante. Invité dès 1949 par Wilhelm Furtwängler et Herbert von Karajan, Paul Badura-Skoda fait à vingt-deux ans une entrée remarquée sur la scène internationale. Depuis, sa carrière, jalonnée par plus de deux cents enregistrements (dont des sonates de Mozart, Beethoven et Schubert entrées dans la légende) l’a mené dans les plus grandes salles du globe, en soliste ou aux côtés de chefs tels que George Szell, Karl Böhm, Lorin Maazel, Zubin Mehta, Sir Charles Mackerras, Sir Georg Solti, Kent Nagano ou John Eliot Gardiner. Paul Badura-Skoda a formé des duos remarqués avec son compatriote, le pianiste Jörg Demus, ou le violoniste David Oïstrakh, et s’est même consacré à la direction d’orchestre. Chez lui, la pure musicalité s’est constamment doublée d’une intense activité musicologique.
Il fut ainsi l’un des pionniers de l’interprétation sur instrument d’époque et a largement contribué à la redécouverte du pianoforte, dont il possède une importante collection. Son étude des éditions originales, de biographies et de traités d’exécution d’époque lui a permis de compléter certaines partitions inachevées de Mozart et Schubert. Il a également publié plusieurs livres qui font autorité (L’Art de jouer Mozart au piano, L’Art de jouer Bach au clavier), et un recueil, Être musicien, chez Hermann en 2008. Tout naturellement, Paul Badura-Skoda s’est imposé comme un pédagogue de premier plan, poursuivant l’action de son maître Edwin Fischer à Vienne, Salzbourg et Sienne. Si son répertoire est centré sur les grands compositeurs viennois, il s’étend jusqu’à la musique contemporaine, en particulier celle du Suisse Frank Martin (1890-1974) avec qui il a noué une étroite relation, et qui lui a dédié en 1970 son Deuxième Concerto pour piano.